DISCOURS « SYSTÉMIQUE »DU PRÉSIDENT DIAKHAR FAYE À L’ONU,Par Amadou Lamine Sall !
« L’Onu ? C’est quoi ce bordel ? » me lance, coléreux, l’Ambassadeur de Tombouctou ! « Hier, le Général De Gaulle l’appelait le machin ! Aujourd’hui Nétanyahou la désigne comme une farce en haut de sa tribune de New York et déclare, en direct, la guerre aux ennemis d’Israël. L’Onu n’est pas une tribune pour déclarer la guerre ! Un peu de respect ! » Je lui réponds : « Vous êtes dans votre rôle de diplomate. Mais réveillez-vous, le col est franchi ! Le mythe s’est effondré ! L’Onu a prêté le flanc ! Elle s’est affaiblie en voulant contenter jusqu’aux plus offensants ! D’abord, quoi de plus injuste et inéquitable, que ceux qui accaparent seuls le Conseil de Sécurité ? L’Onu n’est plus ni un « machin », ni, pire encore, une « farce. » En plus de rester une étouffante et tentaculaire bureaucratie, elle ne représente plus qu’elle-même, c’est-à-dire rien ! On vient y plaider pour se faire voir et se faire entendre, mais il n’y a pas de juge ! Il n’y a qu’un parloir ! »
Du haut de la tribune des Nations Unies à New York, septembre 2024, avec respect mais fermeté, le Président du Sénégal, dans son discours, a choisi une approche systémique. Celle-ci « permet de maitriser la complexité sans trop simplifier le réel. » Son discours était juste pour ne pas dire cru. Il a décrit un monde chaotique qui échappe à tous les gouvernants sans taire que, cependant, les gouvernants les plus puissants continuent leur razzia et sous toutes ses formes. Ce système-là ne peut plus et ne doit plus prospérer. Il mène le monde à sa perte et nous y sommes ! Son discours n’est pas nouveau mais il a le mérite de toucher les blessures au karcher là où on panse avec du mercurochrome !
La vérité est que ce siècle n’aura pas cent ans si on ne lève pas le pied de la pédale infernale ! Personne, aucun pays, aucun système, ne maitrise la machine qui s’emballe. On navigue dans une mer démontée, des requins dévorant des requins, un horizon bouché, un ciel d’encre. La vérité est que l’Onu à laquelle s’adresse le Président Sénégalais avec courage et fermeté, n’est plus l’Onu. Il y a longtemps, très longtemps, qu’elle n’est plus le refuge. Elle est plutôt devenue le problème et non plus la solution ! Elle ne fait ni rire ni pleurer. Elle fait pitié. Elle se ment. Elle trompe. Elle joue à l’autruche. Elle est devenue déshonorante, ossifiée, dérisoire, décharnée. L’Onu est devenue oppressive en faisant semblant d’offrir des solutions de paix et de sécurité dont elle n’a plus les moyens. Elle est devenue elle-même, en son sein, conflictuelle, alors qu’elle a pour mission de régler les conflits.
Le Président Diakhar Faye a tenu un discours de vérité et d’horloge. Il est l’heure de tourner la page, de redéfinir la marche du monde. En somme, ce à quoi il fait appel n’est rien d’autre qu’à un nouveau projet de civilisation ! Ce n’est rien d’autre qu’un projet autrement appelé, plus joliment, une nouvelle émergence poétique de l’homme ! Nous n’avons pas pris le chemin d’un accomplissement économique, mais d’un appétit de conquêtes, de violences et de son cortège de deuil et de silence. Silence, on tue ! Silence on colonise ! Silence on affame ! « Le fond de la pirogue n’est jamais le fond de l’eau ! » De qui se moque-t-on ? A qui fait-on peur ? Personne, quelles que soient ses forces et ses ruses, n’en sortira indemne ! L’injustice et la barbarie se paient toujours et au prix fort !
De nos jours, rechercher la paix est devenu rechercher la guerre. C’est le prix à payer ! La paix se paie cher et elle n’est pas toujours remboursée ! Il ne s’agit plus de parler de développement durable qui signifie « agir pour un futur plus durable tout en atteignant ses objectifs. » Le développement durable est une utopie ! Le futur comme «avenirproche»oucomme«aveniréloigné»,esthypothétique!Iln’estpasgouvernableau regarddesanature. Tout évolue et tout régresse. C’est un flux et un reflux inprogrammables ! Partout les droits économiques, sociaux, démocratiques sont menacés. La « Déclaration des droits de l’homme » n’est qu’un projet moral ! Ce n’est pas la morale qui gouverne le monde. Ce sont plutôt les forces de l’argent et du pouvoir politique qui s’en donnent à cœur joie ! La primauté de l’esprit, du spirituel et des savoirs seule, porte la douceur de la terre et l’espérance inscrite dans la vie. Et les hommes ne lisent plus, ne se cultivent plus et prospèrent dans l’inculture et la pénurie du cœur.L’approvisionnement des hommes en humanité semble interrompu ! Autre chose de terrifiant est en marche et gouverne le monde !
Le discours à la tribune de l’Onu du Président Diakhar Faye semble nous indiquer que « tous les arts ont produit des merveilles, et seul l’art de gouverner n’a produit que des monstres ! » Regardez le monde et regardez-le bien ! Écoutez-bien Diomaye Faye ! Il nous décrit et nous parle d’un monde, de peuples et l’Onu avec, dévalisés par les conflits, les guerres, la pauvreté, meurtris, humiliés, éclatés en pièces détachées comme c’est le cas en terre bénie de Palestine. La guerre est totale : guerre d’orgueil et de vanité, guerre de développement, guerre d’ambitions, guerre de rentes, guerre de capitaux, de monnaies. Partout des collectionneurs de ruines et de tombeaux affluent !
Le Président Diakhar Faye n’a pas appelé à des émeutes à la tribune des Nations Unies, ce mois de septembre 2024. Il n’a pas non plus appelé à une révolution. Qui fera mieux dans la radicalité à la tribune de l’Onu que Castro, Kadafi, Sankara ? Elles ont été tellement éphémères et vaines les révolutions ! Le Président Sénégalais a plutôt appelé pour qu’aux fleurs, nous préférions les fruits ! Dire qu’il n’y a même plus de fleurs ! Combien de pétales ont éclos et combien tous se sont vite fanés ? La justice est divine, la politique terrestre !
La panne est générale, nous dit le Président Diakhar Faye ! Le Président sait que « l’histoire est dans ce que l’on fait et non dans ce que l’on dit. » Que lui reste-t-il après son discours de vérité devant tous les pays membres des Nations Unies en ce mois de septembre 2024 ? Qu’aura-t-il encore à leur dire en 2025 si rien n’a changé et il y a peu de chance que quelque chose change d’ici là ? Que leur dire et redire encore en 2026-2027-2028 quand rien n’aura évolué d’un pouce ? Que faire alors si rien n’a été entendu, si rien n’a été accompli ? Par où faut-il commencer chez soi : sauver et protéger d’abord son pays en répondant à l’aspiration de son peuple ? S’organiser avec ses voisins autour de « cercles concentriques » économiques puissants et viables, comme Senghor les définissait ? Enfin monter résolument à la conquête d’un panafricanisme fédérateur économiquement et politiquement ? Mais, avec quelle nouvelle « Organisation de l’Unité Africaine » viable, honorable, engagée, durable et gagnante ? Elle aussi a si déçu ! Les paris sont ouverts !
Oui, Monsieur le Président, ce siècle n’aura pas cent ans si votre message du cœur au siège de l’Onu n’est pas entendu ! Il ne vous manquait que les larmes pour faire encore plus poignant ! Le plus terrifiant n’est pas la guerre nucléaire qui plane sur nos têtes ! Le plus terrifiant est notre incapacité à entendre les confidences des morts qui ne reviendront plus. Ce temps est le temps de la mort. Qui peut nous sauver alors ? Certainement pas Dieu ! IL n’accepte pas de faire tout le job ! IL a tant à faire et nous L’avons surtout tant déçu ! Commençons par ne pas « nous entourer de ténèbres, mais de lumière ! » Ennoblissons-nous pour trouver le salut !
Monsieur le Président, le Sénégal n’a pas mal. Il se construit. Il se construit avec une jeunesse inquiète, hâtive et comme « possédée. » Il se construit avec des adultes d’une inconscience désarmante. Il se construit avec des politiciens apparus comme une déferlante horde de loups. Si nous voulons ensemble construire notre pays, nous ne le réussirons que « épaule contre épaule », sans compromis coupable. Personne ne gagnera seul, isolé. Tout le peuple Sénégalais gagnera parce que personne n’a gagné seul.
Monsieur le Président, gouverner c’est souffrir ! Réconcilions le temps du travail et du pardon avec les exigences de la République. Reprenons le chemin perdu de nos filiations spirituelles. C’est là le plus important poste budgétaire de notre temps !
Monsieur le Président Diakhar Faye, « Un oiseau qui vole et qui entre dans un avion ne vole plus. C’est l’avion qui vole. »